En rencontre le jeudi 8 Octobre à la librairie
Aux Etats-Unis, Detroit détonne ; à Detroit, ville symbolique de la puissance industrielle automobile américaine, les Etats-Unis semblent en effet bien loin…
Après Les Evaporés (Flammarion, 2013), qui nous avait laissés rêveurs au Japon à la recherche d’un père disparu, Thomas B. Reverdy explore un autre phénomène social et contemporain : la désertification industrielle et « l’abandon urbain ».
L’histoire se déroule en 2008-2009, années durant lesquelles la crise des subprimes atteint son plus haut niveau. Par voie de conséquence, c’est l’ensemble de la chaîne industrielle automobile qui s’effondre et avec elle les finances d’une ville déjà mal en point dont les habitants, ruinés, s’empressent de quitter les maisons qu’ils n’ont pu rembourser. Detroit perd ses hommes, est à l’agonie.
Dans un décor post-apocalyptique de béton délabré, les personnages du livre tentent un à un de s’accommoder de la situation. Les temps sont rudes. Nous suivrons Eugène, ingénieur français à la relance, un peu perdu, envoyé à Detroit par l’Entreprise, afin de mettre sur pied un projet de plateforme automobile dont il est louable de douter de l’effective mise en œuvre ; Charlie, un jeune garçon fugueur qui rejoint dans l’un des vastes et vides entrepôts de la ville d’autres enfants délaissés, désormais maîtres de leur destin, à la sauce Dickens. Enfin, nous monterons également à bord de la voiture du Lieutenant Brown, vieux flic en fin de course, tachant tant bien que mal d’éclaircir les nombreux dossiers de disparitions d’enfants déjà classés, faute de ressources.
Il règne, à juste titre, un vent de fin de civilisation dans ce livre sensible et au ton juste. Thomas B. Reverdy nous étonne encore, avec un sujet original, directement puisé des égarements socio-industriels de notre temps.
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Il était une ville – Thomas B. Reverdy – Flammarion – 19€